BOTIBOL

Let's Go Riding
Photo Max Dubois

La musique tient une part très importante dans les films de surf et plus globalement dans la culture surf.

On ne retient pas seulement la séquence d'une vidéo pour le ride et le surfeur.

 La musique passe parfois au dessus.

Lorsque celle-ci est parfaitement adaptée, les images deviennent encore plus belles.

 

BOTIBOL n'a pas été découvert dans un film de surf.

Du moins pas encore.

 

On a découvert Vincent et son projet il y a plus de 10 ans dans les caves rock bordelaises.

Et quelle merveille.

La musique Indie-Folk qu'il compose pour ce projet solo, est une véritable bande originale d'une vie de surf.

Vincent a officié dans d'autres très bons groupes (Petit Fantôme, Crâne Angels, Justine Mauvin, Willis Drummond...), mais c'est avec Botibol qu'il sort des mélodies parfaites et des arrangements soignés.

 

Vincent a grandi au bord d'un océan et il vit aujourd'hui à Bordeaux.

Et même si les tournées l'emmènent loin des vagues, il retourne régulièrement dans le sud-ouest de la France, pour partager des sessions avec ses potes.

Son dernier album, La Fièvre Golby, sorti en 2019 sur Haiku Records, glisse d'une musique pop (anglaise ou nord 
américaine) vers un psychédélisme maitrisé et romantique.

 

Merci à vous de lire ce Focus, mais surtout, écoutez sa musique et allez le voir en live.

- Salut Vincent !

"Salut Thomas, merci pour tes questions !"

 

- Où et quand as-tu eu ta 1ere sensation de glisse et quel est ton rapport au surf ?

 

"C'était vers l'âge de 6 ou 7 ans, en Nouvelle Calédonie, au spot de La Roche Percée, avec un bodyboard en mousse baptisé comme beaucoup d'autres à ce moment là "boogie".

Ça a commencé comme ça, aller tout droit le plus loin possible et je voulais recommencer dès la vague finie.

J'espère avoir gardé ce plaisir enfantin de glisse.

 

J'ai souvent la même excitation lorsque je vais à l'eau.

Cette boule au ventre et les jambes qui fourmillent."

Photo Benjamin Guénault

- Comment composes-tu ?

 

"La plupart du temps seul, chez moi, je sens que j'ai quelque chose à sortir, je m'assois, je prends ma guitare, je joue et je vois ce qu'il se passe. 

À ce stade, mélodie et jeu de guitare sont très liés.

Je le vois comme la digestion de quelque chose qui m'est arrivé ou m'a frappé dans le monde environnant.

Nick Cave parle de cannibalisme je crois, j'aime bien cette image.

Si dans ces conditions une bonne idée arrive, je la répète un moment puis l'enregistre sur un dictaphone ou sur mon portable. 

 

Plus tard, je la reprends si avec du recul je trouve qu'elle a quelque chose d'intéressant.

Ensuite je travaille des paroles et la met en forme en l'arrangeant avec d'autres instruments."

- As-tu déjà pensé à une mélodie lorsque tu étais dans l’eau ?

 

"Je n'ai pas directement eu d'idées de chanson à l'eau mais certains titres sont liés, je crois, à ce qu'il peut s'y passer.

Le premier album parle d'ailleurs du rivage, notamment comme d'un lieu où se rencontrent deux mondes, et des choses magnifiques comme dévastatrices qui peuvent résulter de ce choc.

Une chanson de mon prochain album parle aussi de se retrouver sous un gros paquet de mousse et d'air."

...j'ai été plus impressionné par les surfeurs et surfeuses que j'ai cotoyés.

Parce que je pouvais associer leur pratique à ce qu'ils étaient dans la vraie vie.

Benoit Arnould - photo Jean-Marc Dubourg

- Qui sont tes surfeurs ou surfeuses préféré(e)s ?

 

"Gamin j'adorais Rob Machado, la facilité qui semblait se dégager de son surf tout en étant spectaculaire.

Je devais avoir un ou deux posters de lui, et puisque j'aimais pas forcément le foot, je suivais un peu le tour et me délectais les fois où il battait Slater en compète.

 

Pour le reste, j'ai été plus impressionné par les surfeurs et surfeuses que j'ai cotoyés.

Parce que je pouvais associer leur pratique à ce qu'ils étaient dans la vraie vie.

Benoît Arnould est un ami et un surfer avec qui j'ai grandi au Pays Basque.

 Il a toujours été très engagé dans son surf, il m'a poussé à me jeter dans des conditions où je n'aurais pas foutu le petit doigt en temps normal.

Passionné et talentueux, il avait un recul important sur son sport malgré tout, et faisait beaucoup d'autres choses.

Très humble aussi, même si j'ai déjà vu des kids lui demander un autographe à la sortie de l'eau à Anglet.

Aujourd'hui la vie fait qu'on se voit moins, mais je checke les gros jours avec plaisir, pour voir ses photos à Parlementia.

 

Et Justine Mauvin.

Elle est le genre de personne qui semble rendre tout ce qu'elle touche facile et naturel.

Je ne sais pas si c'est sa réalité, cependant ça a été un plaisir de partager des sessions avec elle tant son surf est fluide et beau.

Et une belle expérience musicale partagée également."

- Quels sont tes 3 meilleurs films de surf et pourquoi ?

 

"Quand je me suis mis au surf j'ai évidemment maté les deux Endless Summer, rien d'original. 

Mais ce sont vraiment de chouettes films, ils m'avaient fait forte impression à l'époque et me permettaient d'attendre les vagues tout en restant connecté au truc.

 

J'avais aussi acheté une VHS d'un film de Longboard que j'ai perdue depuis, dans mon souvenir elle s'appelait Baja California, ou Baja Pacific. 

La bande son était essentiellement constituée de musiques mexicaines du genre mariachi, et d'un vieux Rhythm and Blues aussi.

Je me souviens surtout des noses interminables de Tudor et du vieux Fletcher qui faisait des 360....

Le grain de l'image et toute l'ambiance de ce film avaient un goût exotique qui me rappelait l'été."

Photo Justine Mothe

- Quels sont tes meilleurs morceaux à écouter avant d’aller à l’eau et ceux d’après surf ?

 

"J'écoute essentiellement Neil Young avant d'aller surfer.

Quand j'écoute de la musique.

Donc n'importe quel morceau de Neil Young fait l'affaire.

Ou tiens allez "Which way to go" de Eddy Current Suppression Ring,

Pierre et Bastien "Sympa" et tout l'album "Damn." de Kendrick Lamar.

 

Sinon j'aime bien ne rien écouter du tout.

Je fais assez de musique comme ça ou en écoute assez pour savourer des moments de silence.

Et j'aime bien aller surfer en ne pensant qu'à ça.

 

Généralement pour l'après surf j'écoute des trucs assez tranquilles.
Dernièrement, j'ai adoré le premier album de Rüdiger qui est une pépite de pop psychédélique, avec parfois quelques influences australiennes.

Parfait pour voyager.

J'aime bien le dernier album de Rozi Plain par exemple, "What a boost".

Du vieux blues genre Skip James "Hard time killin' floor blues".

"Surfing promenade" de Pierre-Kevin.

La compile Studio One Roots de Soul Jazz Records."

Le premier album parle d'ailleurs du rivage, notamment comme d'un lieu où se rencontrent deux mondes, et des choses magnifiques comme dévastatrices qui peuvent résulter de ce choc.

Photo Mathieu Hauquier

- Comment vis tu le fait de savoir que les vagues sont parfaites alors que tu fais un concert loin de l’océan ?

 

"Mon rythme de vie m'a parfois éloigné des vagues pendant de longs moments, notamment lors des tournées.

Mais je préfère être en accord avec ce que je fais sur le moment pour ne pas être frustré.

La musique et ses à côtés entre autres sont de toutes façons tout aussi passionnants et très prenants.

 

Ces dernières années une activité sportive plus régulière m'a permis de retourner à l'eau sans trop de problèmes lorsque je retrouvais les vagues.

Disons donc que même éloigné je me prépare pour mes prochaines sessions."

- Quel est ton spot et quelle est ta board ?

 

"J'aime surfer partout, mais disons que mon spot de coeur se situe entre Anglet et Ondres.

Je n'en dirai pas plus, de toutes façons il n'est pas terrible ;)

J'ai une Kookbox 5'8 jaune, c'est la meilleure planche que j'ai eue, malheureusement je n'ai surfé que celle ci depuis des années et ça commence à se voir et à se sentir dans l'eau.

 

Ces derniers mois j'ai fait beaucoup de bodysurf également.

Donc mes Dafins et ma paire de Tribord... hehe.

Photo Justine Mothe

- Une action pour la planète ?

 

"En dehors du vote et de tous ces trucs plus ou moins bateaux, j'essaie de faire les choses à mon échelle.

Comme la fois ou j'ai remonté un putain de bidon d'huile de 200 Litres rempli sur toute la plage, pour le caler sur le parking et ai appelé les services de la mairie pour qu'ils viennent le chercher.

Ça a pris six mois, juste avant l'été, bizarre non ?

 

Consommer raisonnablement, voyager moins et moins loin aussi.

Sinon s'il vous plaît arrêtez de jeter tout et n'importe quoi par terre.

Surtout vos mégots de clopes, même si vous êtes à 200 bornes de la mer, faut pas être Einstein pour savoir ou ça va finir."

- Quelle est ton actu à venir ?

 

"En ce moment, j'enregistre un nouveau disque solo au studio Shorebreaker situé à Tarnos, situé pas loin de la plage.

 

Je tourne aussi avec Willis Drummond aux claviers, guitares et choeurs, et on fait encore des concerts au Pays Basque à l'heure où je t'écris.

On a donc beaucoup de chance.

Je profite également au maximum de mon fils de 9 ans dès que je peux."

 

Merci Vincent.

Les albums

Publié le Dimanche 31 janvier 2021