MEGANE MURGIA
La place et l'image des femmes dans le monde du surf reste compliquées en 2021.
En dépit de changements dans le milieu de la compétition, de la présence de davantage de femmes à l'eau et d'un marketing surf repensé, l'équilibre n'est pas vraiment là.
Pourquoi créer des différences entre surf féminin et masculin?
C'est juste du surf et c'est cool.
Mégane Murgia est dans cet état d'esprit.
La jeune réalisatrice française a le désir de construire une image plus juste des femmes dans le milieu du surf.
Avec authenticité, elle met en lumière des amoureux/amoureuses de l’océan et des passionné(e)s de la nature.
Depuis sa Bretagne natale, elle réalise des documentaires et des films en indépendant.
En 2017, son 1er film "LETTRE A MA MER" voit le jour.
On y suit, à travers les saisons, trois femmes pour qui l'océan est un élément quotidien.
Son court métrage "INSPIRE" sort un an après.
Il connait un belle diffusion, en étant notamment sélectionné aux festivals de films de surf de Honolulu, New York, Anglet et bien d'autres en Europe.
Il a également ouvert plusieurs de nos SURF NIGHTS dans toute la France.
Nous sommes très heureux de vous présenter ce nouveau Focus sur Mégane et de contribuer, à notre façon, à l'évolution des mentalités dans le surf.
- - D’où viens-tu et quel a été ton parcours en tant que cinéaste ?
"J’ai grandi dans le Finistère Sud, en Bretagne.
Dès le lycée, je me suis orientée vers une option cinéma, puis j’ai fait une licence à Rennes.
Durant mes études loin de la côte, je sentais ma créativité comme paralysée et chaque retour sur le rivage faisait naître en moi de nouvelles idées.
J’ai vite compris que mon bonheur et mon imaginaire dépendaient de l'air iodé.
J’ai ressenti un fort besoin de retourner vivre près de la mer et de filmer les personnages qu’elle façonne.
J'en ai fait mon premier film "LETTRE A MA MER"."
J’ai commencé à filmer du surf, parce que je voulais donner la parole à des femmes et des hommes qui ne représentent pas l’idée que l'on se fait habituellement du surf.
– Quels surfeurs ou surfeuses admires-tu ?
"Annabel Talouarn, autant pour sa poésie lorsqu’elle pose ses pieds sur un longboard, que pour son explosivité quand elle passe sur une petite planche.
Je ne me lasserai jamais de la filmer.
En fait les surfeuses et surfeurs que j’admire sont ceux qui m’entourent.
Mes ami(es), que j’adore regarder surfer quand je remonte au peak.
Pour qui le simple fait de glisser les fait rayonner de bonheur.
Et quand je suis en manque de surf par exemple, je privilégie les vidéos avec Leah Dawson, Dave Rastovich, Lola Mignot, Steph Guilmore.
Et le gros coup de cœur en ce moment c’est Jaleesa Vincent!
Elle fait du bien, par son univers décalé et coloré et puis elle a un flow, un style, une originalité dans sa manière de surfer.
Et il y a aussi beaucoup d'autres surfeuses et surfeurs qui m’inspirent.
Mais pour moi l’envie d’un film vient d'un rencontre."
– Avec qui as-tu commencé à filmer du surf ?
"Le premier projet de surf que j’ai fait, c’était avec un shaper...
Et j’ai filmé mon copain et une copine qui surfaient ses planches.
C’est vraiment mon tout premier projet vidéo.
Le surf était le sujet idéal pour expérimenter et développer ma technique."
- - Qu’est-ce qui te plaît dans le fait de filmer du surf ?
"J’ai commencé à filmer du surf parce que je voulais donner la parole à des femmes et des hommes qui ne représentent pas l’idée que l'on se fait habituellement du surf.
Des personnes qui ne sont pas sportifs de haut niveau ou professionnel, mais qui placent le surf au cœur de leur vie, en orientant leurs choix en fonction de la mer.
Il y a autant de regards sur le surf que de surfeurs(es) et donc autant d’histoires à raconter."
J’ai la chance d’avoir un métier qui m’aide dans mon questionnement.
Qui peut transmettre un message fort et mettre en lumière des personnes qui agissent.
- - Quelles sont tes trois meilleurs films de surf ?
"Mon gros coup de cœur, c’est
FISHPEOPLE de Keith Malloy.
Autant pour le fond que la forme.
J’ai adoré son esthétique et l’authenticité des personnages.
Ensuite, je dirais
LET'S BE FRANK, de Peter Hamblin.
Pour son univers complètement loufoque.
C’est la preuve que le surf peut servir un récit, construire une ambiance, tout en s'écartant des banalités.
Et THE ACCORD, de RC Cone et Elli Thor Magnusson,
pour son univers unique et ingénieux."
- - Quels sont tes morceaux pour aller à l’eau et ceux d'après session ?
"Alors je vais répondre différemment à la question, parce que je fais plus la différence entre l’atmosphère du moment et de la période, qu'avant/après.
Donc pour une session hivernale, ce serait:
"Waterbound" de DIRK POWELL,
"Dirty Old Town" de THE POGUES,
"Le Terre Tremblante" de MARCO BELTRAMI,
"Feel" de TY SEGALL et
"Somedays" de TESS PARKS.
Et l’été ce serait plutôt:
"Honey Bones" de DOPE LEMON,
les GROWLERS forcément, "Someday" par exemple,
"What Did I do" de ROSA MARIA,
"Tell Me" des ALLAH-LAS.
Et évidemment CAPTAIN EXCELSIOR & THE COSMIC CRABS !
En toute objectivité bien sûr et pas parce que ce sont les copains et que j’aime beaucoup le Captain!
Hahaha…
Non sérieusement, ils ont beaucoup de talent, une créativité débordante et leur nouvel album en préparation va enflammer les sessions ensoleillées à venir !"
Il y a autant de regards sur le surf que de surfeurs(es) et donc autant d’histoires à raconter
- - Quel est ton matériel ?
"Je travaille avec un GH4.
C’est un petit boitier très performant et surtout peu encombrant.
C'est le plus important pour moi, car le but est d’oublier la caméra.
De se détacher du matériel, pour laisser parler le réel."
– Quelles sont tes actions pour la planète ?
"Je m’informe, je m’interroge, j’agis sur ma consommation, je favorise le local et zéro déchet, je diminue ma consommation de viande…
Mais c’est si peu et je me sens parfois si impuissante.
J’ai la chance d’avoir un métier qui m’aide dans mon questionnement.
Qui peut transmettre un message fort et mettre en lumière des personnes qui agissent.
Donc mes projets en cours d’écriture sont fortement influencés par ces problématiques liés au dérèglement climatique et à notre rôle face à l’environnement."
– Quels sont tes projets ?
"Je suis en train de terminer un projet que je porte depuis 2017 : LA MER EN HERITAGE.
Le film est actuellement en post-production et il sera diffusé au printemps sur France 3.
Je suis aussi en cours de développement d’une web-série avec Ian Fontaine.
On se connaissait déjà un peu, mais je l’ai vraiment rencontré cette année en réalisant avec lui un projet qui a été une bouffée d’air frais.
Et qui m’a surtout donné l’idée d’une prochaine aventure ! "