TRAVIS FERRÉ
2022!!!
Nous espérons que vous avez pris des vagues inoubliables l’année derrière et que vous avez vécu de nombreux beaux moments qui vous ont permis d'esquiver un peu vous savez quoi...
Pour cette nouvelle année, profitez bien de vos sessions, soyez curieux, rêvez, prenez soin de vous et amusez-vous autant que possible!
De notre côté, nous sommes très heureux de commencer l'année avec ce nouveau Focus sur Travis Ferré.
Travis est un journaliste, écrivain et producteur, originaire d'Huntington Beach en Californie.
Il a débuté chez Surfing Magazine pour lequel il a écrit pendant 8 ans avec d'en devenir le rédacteur en chef.
Mais c'est en 2012, que nous avons réellement découvert la qualité de son écriture lorsqu'il a crée, avec Kai Neville et Scott Chenoweth, le magazine What Youth.
Pendant 6 ans et 19 numéros, What Youth a représenté une alternative aux magazines standardisés avec un contenu soigné sur les riders, l'Art, la musique... le tout avec légèreté ou profondeur et un goût certain pour les conneries.
Fêtard et authentique, curieux et cultivé, enthousiaste et poétique, Travis est un mec totalement indépendant.
Il aime dire ce qu'il pense et ne se prive pas de remettre en question, toujours avec intelligence et finesse, une vision du surf trop éloignée de ce qu'était cette pratique aux origines.
En 2017 il disait : « Le surf repose sur beaucoup plus que le fait de se lever sur une vague.
C'est la recherche de la bonne vague, l'amitié entre surfeurs, les ratés, les succès, l'aventure, le petit café au matin devant les
vagues et même la rame qui font que j'aime et j'aimerai toujours le surf. »
Il y a 3 ans, il a créé la plateforme Inherent Bummer.
Fini le papier, place à un espace numérique créatif qui veut refléter l'esprit du surf et de sa culture: production et réalisation de vidéos et articles rédigés en son nom ou pour des marques (la série Red Bull "Following", Quiksilver, Volcom...).
Bonne lecture.
- Salut Travis,
parle nous un peu de toi et de ton 1er surf ?
"Je m'appelle Travis Ferré, j'ai 38 ans et je viens de Huntington Beach, CA.
Mon père m'a emmené surfer avec lui dès mon plus jeune âge.
Quand tous mes amis ont commencé à surfer aussi, mon père était toujours partant pour tous nous emmener à la plage.
Il était peintre automobile.
Il avait un van Chevrolet rempli de pots de peinture et de trucs en tout genre.
On s'y entassait avec nos planches.
Il mettait de la surf music pour nous faire plaisir et on partait surfer.
Il nous a appris à être des surfeurs...dont tous les trucs sympas, qui font que c'est plus qu'un simple passe-temps.
J'ai eu ma première planche à l'âge de 5 ans, mais je me rappelle très bien de la première vraie vague que j'ai prise.
C'était sur une plage appelée Bolsa Chica et je me souviens m'être assis derrière la barre (un exploit en soi à ce moment-là).
Les vagues étaient vraiment belles ce jour-là, comme de grands monticules d'eau, inclinés et magnifiques à regarder.
Tout était si grand et si fascinant.
J'avais été hypnotisé par elles ce jour-là.
Je ridais mon premier "vrai" shortboard.
Je crois que c'était un 5'11" avec un grip sur toute la planche et un Diamond Tip sur le nose!
Il y avait aussi un logo Billabong sous le glass, je ne sais pour quelle raison.
Ce jour-là, j'ai attrapé une vraie vague qui ouvrait.
J'ai descendu la pente et depuis, j'ai toujours recherché cette sensation.
En appréciant chaque nuances et expériences parfois étranges qui accompagnent cette quête.
Merci papa."
Ce jour-là, j'ai attrapé une vraie vague qui ouvrait.
J'ai descendu la pente et depuis, j'ai toujours recherché cette sensation.
- Quelle est ta culture surf et qu'est-ce qui t'inspire dans la vie ?
"J'étais un grand admirateur des films de surf de Taylor Steele.
Je me rappelle avoir eu FOCUS en cassette VHS et je ne pouvais plus m'en passer.
Quand sa vidéo suivante GOOD TIMES est sortie, je l'ai reçue comme cadeau de Noël anticipé.
C'était sans doute l'un des meilleurs jours de ma vie.
Quand je suis rentré à la maison, j'ai mis la cassette et j'ai regardé tous mes surfeurs préférés sur une musique vraiment cool.
C'est cette vidéo qui m'a fait entrer dans la musique et qui a donné le ton de la vie que j'ai aujourd'hui.
Découvrir des surfeurs comme Dan Malloy et des groupes comme AFI d'un seul coup.
Ça m'a rendu accro à cette culture et à son univers. "
- Comment es-tu arrivé à Surfing Magazine et qu'y faisais-tu ?
"En arrivant à l'université, j'ai décidé de me consacrer à la rédaction d'un magazine.
Cela combinait le surf et l'écriture, vraiment tout ce qui m'intéressait à l'époque.
Je suis allé à l'université d'État de San Diego pour étudier la littérature anglaise et j'ai eu la chance de rencontrer dans un cours sur Shakespeare, un type que j'avais vu à la plage en train de surfer .
Il s'appelait Kimball Taylor et était en là pour obtenir un master.
Il écrivait déjà pour Surfer Magazine.
Il m'a présenté à Evan Slater, qui travaillait à Surfing.
Kimball m'a juste dit que j'aimerais mieux Evan que n'importe quel rédacteur de Surfer Mag.
Je savais bien sûr qui était Evan .
C'était un excellent rédacteur en chef de magazine et un grand mentor pour moi.
Nous sommes encore amis et allons toujours voir ensemble aujourd'hui des groupes live.
J'ai commencé à Surfing en tant que stagiaire et pendant 6 ans, j'ai occupé tous les postes de la rédaction: stagiaire, rédacteur adjoint, rédacteur en chef.
Puis un jour, Evan est parti travailler pour Hurley et j'ai eu l'occasion de devenir rédacteur en chef.
C'est à cette période que j'ai rencontré Kai Neville.
Il venait de faire Modern Collective et nous avons lié un lien particulier depuis.
Nous avions la même approche du surf (son mentor était Taylor Steele) et de l'art.
Nous avons combiné tout ça et nous avons commencé à travailler ensemble.
On a réalisé quelques projets sympas au sein de Surfing, puis nous avons décidé de nous lancer dans une nouvelle aventure en créant un média plus moderne.
C'est devenu What Youth."
- Quels souvenirs gardes-tu de ces années What Youth ?
"Je me souviens d'une créativité brute qui se heurtait aux réalités de la création d'une entreprise.
Tout ça pour exploser dans un magnifique mélange de surf, d'art, de passion, de musique, de skate, de voyages, d'alcool et de jeunesse insouciante.
C'était tel que nous l'avions pensé, du début à la fin.
Je suis tellement fier de ce que nous avons créé ensemble.
Du groupe d'amis très soudés, aux projets que nous avons réalisées ensemble.
Moi, Kai Neville, Scott Chenoweth, Nate Lawrence, Blake Myers, Michael Cukr, Stuart Cornuelle... et une tonne d'autres talents, surfeurs, skaters et créatifs qui ont contribué et fait des choses avec nous.
C'était vraiment génial.
Cette équipe créative était et reste ma famille pour toujours.
C'était tellement authentique et dans l'instant présent qu'il serait impossible de reproduire la façon dont nous l'avons vécu.
Certains essaient.
Je suis très fière des 19 numéros du magazine auxquels j'ai participé et je suis également fière de la façon dont l'équipe créative s'est serrée les coudes.
Également de la façon dont nous avons mis en avant ce que nous aimions, pour le meilleur et pour le pire.
Et même la manière dont nous avons raccroché ensemble avec la même énergie qu'au premier jour, pour ce en quoi nous avions cru.
Les personnes qui ont conduit à la fin du magazine savent qui elles sont."
Il y a quelque chose de poétique dans le fait d'aller surfer et que cela s'intègre naturellement dans ton quotidien, qu'on le remarque à peine.
- Quelles ont été tes meilleures expériences de surf ?
"J'ai eu la chance de surfer à peu près toutes les vagues dont j'ai rêvé.
De l'Écosse, à la France, l'Indonésie et à toute l'Australie.
Mais honnêtement, ce que j'aime le plus, c'est conduire un jour ordinaire, de voir les locaux de l'endroit où je vis, de faire un surf de routine et de continuer ma journée.
Il y a quelque chose de poétique dans le fait d'aller surfer et que cela s'intègre naturellement dans ton quotidien, qu'on le remarque à peine.
Nous prenons ces petites choses simples pour acquises.
J'aime aussi porter un board bag dans les aéroports, les escales des surf trips, les canards sous les vagues, surfer seul...
Être un surfeur est un excellent moyen de rencontrer des gens partout dans le monde (nous avons vraiment de la chance d'être des surfeurs).
J'adore aussi les road trips.
Retrouver des années plus tard, des personnes que j'ai rencontrées sur ma route et pour reprendre là où nous nous étions arrêtés.
C'est tellement magique."
- Quels sont tes 3 films de surf préférés ?
"MOMENTUM : UNDER THE INFLUENCE
C'était le summum.
Mes surfeurs préférés et ma musique préférée.
Taj sur AT THE DRIVE-IN et Andy Irons pour la dernière part sur REFUSED.
Je paierais cher pour revivre les moments de cette vidéo.
Je mettrais bien toutes les vidéos de Joe G sur ma liste, mais je pense qu'il était l'homme de l'ombre derrière celle-ci.
C'est ma vidéo préférée et je tenais à le citer."
"THE 5TH SYMPHONY DOCUMENT
Je pense que je dois la mettre parce qu'elle a totalement changé ce que je pensais d'une vidéo de surf à cette période.
C'est dingue, parce que vous pouvez voir comment elle a conditionné de manière subtile, une grande partie de ce que nous avons fait par la suite.
C'est un film génial, cherche-le si tu peux le trouver.
Je pense que c'est Chad Campbell qui l'a fait.
Il y a des moments vraiment cool là-dedans.
CJ Kanuha est le plus dingue.
La partie de Ben Brough est géniale aussi."
"LOST ATLAS
Je dois le mettre, car j'ai la conviction que c'est Kai à son meilleur.
Il est un peu passé sous silence parmi ses autres de vidéos.
Nous avons consacré toutes les pages d'un numéro sur ce film, lorsque j'étais à Surfing Magazine.
Cela n'a pas fait le bonheur de tous les publicitaires, mais ce numéro est encore considéré comme l'un des plus cool que nous ayons fait, tant le film est bon.
Les scènes d'ouverture avec Owen et Dion au Mexique sont en or.
Il faudrait les encadrer.
C'est à ce moment que nous avons réalisé ce qu'un magazine comme What Youth pourrait faire en combinant toutes nos influences.
En imprimées et en vidéo."
- Quels sont tes 5 morceaux pour aller à l'eau et tes 5 d'après surf ?
"5 pre-surf:
(Attention, j'ai des flashes de mes jours emo et hardcore...ce n'est pas pour tout le monde)
"Nous Sommes D'Ici" par DAÏTRO
"Funeral for the Death of my Dreams” par BLISTERING JOY
"Late December" par SEEYOUSPACECOWBOY
"Gunshot" par LYKKE LI
“I am Nietzche" par ORCHID
5 post-surf:
"October All Over" par UNWOUND
"Honeyspider" par SMASHING PUMPKINS
"The Con" par TEGAN & SARA
"Disorder " par BED HEAD (reprise de Joy Division)
"Gold City" par ICEAGE"
"J'ai vécu certains des meilleurs moments et expériences de ma vie en France.
- Pourquoi avoir lancé Inherent Bummer ?
"J'ai commencé Inherent Bummer parce que je le devais.
J'ai désespérément essayé de me retirer et de me cacher dans un verger de pommiers en Californie du Nord, en côtoyant quotidiennement les Grands Blancs et en surfant des grosses vagues.
J'ai réalisé en étant là-bas que j'aime tellement la culture du surf, tellement la partager, créer et faire partie de tout ce cirque, que je devais revenir et recommencer à tout mixer.
Je pourrai me retirer au verger de pommiers avec ma combi 5/4/3 un peu plus tard.
Personne d'autre n'a vraiment repris là où nous nous étions arrêtés, alors je suis revenu.
Nous sommes en train de trouver nos marques (post-pandémie et tout), mais vous pouvez être sûr que la marque sera la voix la plus honnête, la plus authentique du surf.
Je ne peux finalement rien faire d'autre que cela".
- Qu'est-ce que tu trouves cool et ennuyeux dans la scène surf d'aujourd'hui ?
"Je trouve les blablas, l'approche conservatrice et les trucs grand public ennuyeux.
Je trouve les choses créatives et rebelles, excitantes et cool.
J'adore ce que Kolohe Andino a fait avec Reckless Isolation et Stagnant Ambition.
J'aime voir toutes les communautés locales émerger.
Chapter 11 est top pour la scène de Ventura CA, le truc de Summer Street à Honolulu avec Noa Mizuno et la famille Moniz est génial aussi.
J'aime voir ce genre de choses se développer.
Je ne vois pas beaucoup de marques traditionnelles faire des trucs très excitants, ce qui est décevant...
Mais j'espère me rallier à ces petites bandes et communautés à travers Inherent Bummer".
- Ok, it’s not the end of the world (ref Inherent Bummer),
mais quels sont tes actions pour la planète ?
"Je pense que nous devons tous prendre nos propres responsabilités.
Je déteste voir les grandes marques utiliser les tendances de l'activisme dans des campagnes de marketing.
Alors qu'en fin de compte, ce sont elles qui ont contribué le plus à notre effondrement.
J'essaie de ne pas mordre à l'hameçon.
Nous consommons beaucoup trop.
Les grandes entreprises que nous voyons à la télévision et sur Instagram agissent comme si elles faisaient leur part.
C'est plutôt énervant.
Nous devons nous en tenir au niveau local, travailler ensemble et soutenir les petites entreprises, les groupes et les individus qui font bien les choses pour avoir une véritable chance.
Il est presque trop tard.
C'est certainement la chose la plus importante que nous puissions faire.
Dan Malloy a récemment publié un article sur la façon dont il allait faire ses achats de Noël: boire des bières, aller au marché du coin et acheter à chacun un cadeau de la région.
C'était magique.
Une véritable icône.
Nous pouvons tous simplement exiger et vouloir moins.
Acheter mieux, ne pas tomber dans le piège qu'on nous tend, agir à son niveau et le changement arrivera.
Mais ce n'est pas simple."
- Comment étaient tes voyages en France ?
"J'ai vécu certains des meilleurs moments et expériences de ma vie en France.
J'ai traversé le pays en voiture d'Hossegor à Cassis.
J'ai surfé dans toutes les conditions et j'ai passé de nombreux automnes là-bas.
Ça a toujours été le rêve de ma vie et je n'ai jamais été déçu.
J'ai fait la fête, j'ai bu, j'ai couru dans les villes et sur les plages la nuit en dansant comme un surfeur débile et j'ai adoré chaque moment.
Je m'assiérais à n'importe quel coin de rue de France avec toi pour regarder le jour se transformer en nuit.
Peu importe le nombre d'heures que nous passerons là-bas, je serai le Californien le plus heureux de tout le pays!
C'est un plaisir de visiter la France et j'espère que vous m'accueillerez toujours."
Merci Travis!