THOMAS LODIN
- Salut Thomas,
d’où viens-tu et quand as-tu vu une photo de surf pour la 1ère fois ?
"Je suis nantais pur beurre.
Je dirais que la 1ère photo de surf que j'ai vue était dans les pages d’un magazine que je regardais directement dans le kiosque...
Ou alors à l’époque des Summer X Games.
Ils les éditaient en cassettes, je crois que je devais avoir moins de 10 ans !"
"J’ai une grande admiration pour les surfeurs d’époque.
– Quel a été ton parcours et quels ont été tes débuts dans le surf ?
"J’ai eu un appareil entre les mains pour la première fois vers l’âge de 13 ans.
Je faisais du BMX à l’époque.
La scène était très développée et j’avais eu l’occasion de côtoyer des gars plus âgés qui roulaient fort.
J'ai continué à prendre des photos et j'ai été missionné pour faire les photos du contest annuel pour le skatepark.
Ensuite, j'ai eu des parutions dans des magazines français, des petites expos, puis Red Bull qui a voulu travailler avec moi.
J’avais à peine 18 ans et j’étais en filière générale scientifique.
Je ratais des cours pour aller bosser sur un tas de projets dans tous les sports imaginables et mes profs ne comprenaient pas.
J’ai vite délaissé les sciences et je suis parti en école d’arts graphiques après mon Bac pour continuer à faire des photos et développer mon intérêt pour le graphisme.
Le surf a pris le pas sur le vélo et j’ai fini en stage chez Damien Poullenot à Hossegor lors de ma deuxième année d'étude pour 2 mois...qui ce sont finalement transformés en 6 mois.
Difficile de repartir en cours après ça.
J’ai quand même fait l’année suivante, avec en plus un mois en Australie.
Puis je suis redescendu pour m’installer à Biarritz.
Sans diplômes car il me restait encore un an.
Ça fait maintenant 7 ans que je suis ici!"
- Quels surfeuses, surfeurs, photographes et artistes admires-tu ?
"J’ai une grande admiration pour les surfeurs d’époque.
Les photographes également.
Nous leur devons les innovations ainsi que les découvertes, autant techniques que géographiques, qu’ils ont apportées au surf.
Les images de l’époque me transportent aussi dans une autre réalité.
J’ai une affection particulière pour les années 50 et 60, mais les premières images aquatiques à Hawaii sont incroyables.
Le Ranch, Malibu, le North Shore et la France un peu plus tard.
Je crois que j’admire en fait leur approche du surf.
Elle était bien différente d’aujourd’hui : simple et élégante.
C’est ce que je vais regarder le plus chez un surfeur ou une surfeuse aujourd’hui. "
"Faire des photos est un prétexte pour aller découvrir l’inconnu.
- Quels sont tes trois meilleurs films de surf ?
"ONE CALIFORNIA DAY
(Jason Baffa, Mark Jeremias - 2008)
Il a été une révélation par rapport à l’âge que j’avais lorsqu’il est sorti.
C'est vraiment l’approche du surf que j’affectionne.
BIG WEDNESDAY
(John Milius - 1979)
L’histoire, les références, le casting, les séquences de surf, ceux qui ont filmé et aussi doublé.
C’est un bon écho à ta question précédente.
LONGER
(J Brother - 1999),
Pour la bande son, le montage et la qualité du surf de Joel Tudor."
- Quels sont tes morceaux de surf ?
"Je change tout le temps suivant les vagues, le moment, la planche que je vais surfer.
En ce moment il y a
ROY ORBISON "In Dreams",
THE ZOMBIES "Summertime",
NANCY SINATRA AND LEE HAZLEWOOD "Summer Wine",
STAN GETZ AND JOAO GILBERTO "O Grande Amor" et
SERGE GAINSBOURG "Intoxicated Man"."
Travailler pour des marques vraiment engagées ou qui ont une démarche dans ce sens, est également important."
– Quelle est la photo dont tu es le plus fier ?
"Habituellement, il est assez difficile de choisir une photo mais pour une fois j'en ai une !
C’est une photo prise chez mon ami Tristan « Fantastic Acid » Mausse.
Il s'était construit une salle de shape dans son garage pour pouvoir travailler à toute heure, de jour ou de nuit et être toujours à la maison avec ses deux filles et sa femme.
Elles viennent de temps en temps le regarder et discuter pendant qu'il travaille.
Voici donc Louise, presque 4 ans qui se promène autour d'un Vee Bottom sur lequel son père travaille.
Regardez sa main vérifier l'épaisseur du pain de mousse.
Elle regarde son père shaper depuis si longtemps, qu'elle le fait juste comme si elle était elle-même un shaper expérimentée.
Je suis curieux de voir si elle suivra les traces de son père !"
- Rêves-tu d’une vague que tu n’as pas encore photographiée ?
"Faire des photos est un prétexte pour aller découvrir l’inconnu.
Donc n’importe quelle vague que je n’ai pas encore eu l’occasion de voir sous son meilleur jour, n’importe quelle destination.
Que ce soit à coté de chez moi, en France, en Europe ou ailleurs."
- Quel est ton matériel et tes conditions favorites ?
"Je shoote principalement avec un hybride Sony avec des optiques allant du 24 au 400mm.
Avec une préférence pour les focales fixes 35 et 50.
Son gabarit me fait passer un peu pour un touriste mais ça me permet de me fondre dans la masse.
Ce qui est parfait.
Un caisson étanche pour shooter dans l’eau et des Dafin.
J’ai aussi des boitiers argentiques avec lesquels je shoote pour mes projets perso!
J’ai une grosse tendance à favoriser les lumières de fin de journée pour les contrastes et tons qu’elles apportent.
Même si je peux shooter à n’importe quel moment de la journée, selon le travail que je dois fournir.
Il faut être capable de tirer le meilleur de chaque lumière, ça pousse à être créatif !
– Quelles sont tes actions pour la planète ?
"Je n’achète plus de viande depuis plusieurs années maintenant.
Même s’il m’arrive d’en manger de temps en temps au resto.
J’aime en manger mais l’élevage intensif a un trop gros impact carbone et ce que l'on met dans notre assiette compte.
Je favorise la qualité et l’origine quand je choisis d’en manger.
Je favorise aussi les produits locaux et de saison.
Dans ces achats, j’évite au maximum le plastique quand c’est possible, histoire de réduire mes déchets.
Ça ne compense pas les moyens de transport que je dois utiliser pour faire mon travail.
J’en suis conscient.
En tant que surfeur nous ne sommes pas des exemples, mais j’essaye de ne pas trop empirer les choses.
Travailler pour des marques vraiment engagées ou qui ont une démarche dans ce sens, est également important."
– Quels sont tes projets en préparations ?
"C’est dans les cartons normalement avec mon pote Mathieu Maréchal !
Des nouvelles images shootées en France pour Oxbow vont sortir cet hiver et j’ai également hâte de les partager .
La marque est redevenue indépendante et c'est un souffle nouveau qui promet de belles évolutions et projets je l’espère !
Je travaille également sur divers projets pour d'autres clients.
J’ai notamment désigné une dérive pour Deflow qui vient juste de sortir !
C’est un D-Fin inspiré des années 50.
C’est un design assez atypique qui était propre aux Pigs à l’époque.
Le but étant d’allier l'esthétisme de l’objet (quand on n'a pas forcément la board), avec un maître-bau reculé mais tout aussi fonctionnel.
Je l’ai testé et surfé tout l’été dernier !"
Merci Thomas!
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